Page:Anatole France - Balthasar.djvu/14

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et de l’espace, quand les gazelles vinrent, à l’aube, boire dans le creux des pierres.

À ce moment, des brigands qui passaient virent les deux amants couchés dans la mousse.

— Ils sont pauvres, se dirent ces brigands, mais nous les vendrons un grand prix, à cause de leur jeunesse et de leur beauté.

Alors ils s’approchèrent d’eux, les chargèrent de liens et, les ayant attachés à la queue d’un âne, ils poursuivirent leur chemin.

Le noir, enchaîné, proférait contre les brigands des menaces de mort. Mais Balkis, frissonnant dans l’air frais du matin, semblait sourire à quelque chose d’invisible.

Ils marchèrent dans d’affreuses solitudes jusqu’à ce que la chaleur du jour se fît sentir. Le soleil était déjà haut quand les brigands délièrent leurs prisonniers et, les faisant asseoir près d’eux à l’ombre d’un rocher, leur jetèrent un peu de pain moisi, que Balthasar dédaigna de ramasser, mais dont Balkis mangea avidement.

Elle riait. Et le chef des brigands lui ayant demandé pourquoi elle riait :

— Je ris, lui répondit-elle, à la pensée que je vous ferai tous pendre.