Page:Anatole France - Balthasar.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes, elle plaignait ceux qui avaient le malheur d’être mauvais. Elle aidait les malheureux de toutes les manières, visitant les malades, consolant les veuves et recueillant les pauvres orphelins.

Elle élevait sa fille Abeille avec une sagesse charmante. Ayant formé cette enfant à n’avoir de plaisir qu’à bien faire, elle ne lui refusait aucun plaisir.

Cette excellente femme tint la promesse qu’elle avait faite à la pauvre comtesse de Blanchelande. Elle servit de mère à Georges et ne fit point de différence entre Abeille et lui. Ils grandissaient ensemble et Georges trouvait Abeille à son goût, bien que trop petite. Un jour, comme ils étaient encore au temps de leur première enfance, il s’approcha d’elle et lui dit :

— Veux-tu jouer avec moi ?

— Je veux bien, dit Abeille.

— Nous ferons des pâtés avec de la terre, dit Georges.

Et ils en firent. Mais, comme Abeille ne faisait pas bien les siens, Georges lui frappa les doigts avec sa pelle. Abeille poussa des cris affreux, et l’écuyer Francœur, qui se promenait dans le jardin, dit à son jeune maître :