Page:Anatole France - Balthasar.djvu/161

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loin derrière nous et je ne vois ni ruisseau ni fontaine.

— Le soleil est si ardent qu’il les aura tous bus. Qu’allons-nous faire ?

Ainsi ils parlaient et se lamentaient, quand ils virent venir une paysanne qui portait des fruits dans un panier.

— Des cerises ! s’écria Georges. Quel malheur que je n’aie pas d’argent pour en acheter !

— J’ai de l’argent, moi ! dit Abeille.

Elle tira de sa poche une bourse garnie de cinq pièces d’or et, s’adressant à la paysanne :

— Bonne femme, dit-elle, voulez-vous me donner autant de cerises que ma robe en pourra tenir ?

Ce disant, elle soulevait à deux mains le bord de sa jupe. La paysanne y jeta deux ou trois poignées de cerises. Abeille prit d’une seule main sa jupe retroussée, tendit de l’autre une pièce d’or à la femme et dit :

— Est-ce assez, cela ?

La paysanne saisit cette pièce d’or, qui eût payé largement toutes les cerises du panier avec l’arbre qui les avait portées et le clos où cet arbre était planté. Et la rusée répondit :