Page:Anatole France - Balthasar.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mademoiselle, vous nous trouverez moins laids quand vous nous aimerez davantage.

À ces mots, Bob reparut sur son corbeau. Il portait sur un plat d’or une perdrix rôtie, avec un pain de gruau et une bouteille de vin de Bordeaux. Il déposa ce souper aux pieds d’Abeille en faisant un nombre incalculable de culbutes.

Abeille mangea et dit :

— Petits hommes, votre souper était très bon. Je me nomme Abeille ; cherchons mon frère et allons ensemble aux Clarides, où maman nous attend dans une grande inquiétude.

Mais Dig, qui était un bon Nain, représenta à Abeille qu’elle était incapable de marcher ; que son frère était assez grand pour se retrouver lui-même ; qu’il n’avait pu lui arriver malheur dans cette contrée où tous les animaux féroces avaient été détruits. Il ajouta :

— Nous ferons un brancard, nous le couvrirons d’une jonchée de feuilles et de mousses, nous vous y coucherons, nous vous porterons ainsi couchée dans la montagne et nous vous présenterons au roi des Nains, comme le veut la coutume de notre peuple.

Tous les Nains applaudirent. Abeille regarda