Page:Anatole France - Balthasar.djvu/182

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sins le cuir le plus souple, prends du drap d’or et d’argent, demande au gardien de mon trésor mille perles de la plus belle eau, et compose avec ce cuir, ces tissus et ces perles, une paire de souliers pour la jeune Abeille.

À ces mots, Truc se jeta aux pieds d’Abeille et il les mesura avec exactitude. Mais elle dit :

— Petit roi Loc, il faut me donner tout de suite les beaux souliers que tu m’as promis, et, quand je les aurai, je retournerai aux Clarides vers ma mère.

— Vous aurez vos souliers, Abeille, répondit le roi Loc, vous les aurez pour vous promener dans la montagne et non pour retourner aux Clarides, car vous ne sortirez point de ce royaume où vous apprendrez de beaux secrets qu’on n’a point devinés sur la terre. Les Nains sont supérieurs aux hommes, et c’est pour votre bonheur que vous avez été recueillie par eux.

— C’est pour mon malheur, répondit Abeille. Petit roi Loc, donne-moi des sabots comme ceux des paysans et laisse-moi retourner aux Clarides.

Mais le roi Loc fit un signe de tête pour exprimer que cela n’était pas possible. Alors Abeille joignit les mains et prit une voix caressante :