Page:Anatole France - Balthasar.djvu/183

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— Petit roi Loc, laisse-moi partir et je t’aimerai bien.

— Vous m’oublierez, Abeille, sur la terre lumineuse.

— Petit roi Loc, je ne vous oublierai pas et je vous aimerai autant que Souffle-des-Airs.

— Et qui est Souffle-des-Airs ?

— C’est mon cheval isabelle ; il a des rênes roses et il mange dans ma main. Quand il était petit, l’écuyer Francœur me l’amenait le matin dans ma chambre et je l’embrassais. Mais maintenant Francœur est à Rome et Souffle-des-Airs est trop grand pour monter les escaliers.

Le roi Loc sourit :

— Abeille, voulez-vous m’aimer mieux encore que Souffle-des-Airs ?

— Je veux bien.

— À la bonne heure.

— Je veux bien, mais je ne peux pas ; je vous hais, petit roi Loc, parce que vous m’empêchez de revoir ma mère et Georges.

— Qui est Georges ?

— C’est Georges et je l’aime.

L’amitié du roi Loc pour Abeille s’était beaucoup accrue en peu d’instants, et, comme il avait déjà l’espérance de l’épouser quand elle