Page:Anatole France - Balthasar.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur travail. Des quartiers entiers retentissaient du bruit des marteaux ; les voix déchirantes des machines se brisaient contre les voûtes des cavernes, et c’était un curieux spectacle que de voir la foule des mineurs, forgerons, batteurs d’or, joailliers, polisseurs de diamants, manier avec la dextérité des singes le pic, le marteau, la pince, la lime. Mais il était une région plus tranquille.

Là, des figures grossières et puissantes, des piliers informes sortaient confusément de la roche brute et semblaient dater d’une antiquité vénérable. Là, un palais aux portes basses étendait ses formes trapues : c’était le palais du roi Loc. Tout contre était la maison d’Abeille, maison ou plutôt maisonnette ne contenant qu’une seule chambre, laquelle était tapissée de mousseline blanche. Des meubles en sapin sentaient bon dans cette chambre. Une déchirure de la roche y laissait passer la lumière du ciel et, par les belles nuits, on y voyait des étoiles.

Abeille n’avait point de serviteurs attitrés, mais tout le peuple des Nains s’empressait à l’envi de pourvoir à ses besoins et de prévenir tous ses désirs, hors celui de remonter sur la terre.