Page:Anatole France - Balthasar.djvu/188

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Les plus savants Nains, qui possédaient de grands secrets, se plaisaient à l’instruire, non pas avec des livres, car les Nains n’écrivent pas, mais en lui montrant toutes les plantes des monts et des plaines, les espèces diverses d’animaux et les pierres variées qu’on extrait du sein de la terre. Et c’est par des exemples et des spectacles qu’ils lui enseignaient avec une gaieté innocente les curiosités de la nature et les procédés des arts.

Ils lui faisaient des jouets tels que les enfants des riches de la terre n’en eurent jamais ; car ces Nains étaient industrieux et inventaient d’admirables machines. C’est ainsi qu’ils construisirent pour elle des poupées sachant se mouvoir avec grâce et s’exprimer selon les règles de la poésie. Quand on les assemblait sur un petit théâtre dont la scène représentait le rivage des mers, le ciel bleu, des palais et des temples, elles figuraient les actions les plus intéressantes. Bien qu’elles ne fussent pas plus hautes que le bras, elles ressemblaient exactement les unes à des vieillards respectables, les autres à des hommes dans la force de l’âge ou à de belles jeunes filles vêtues de blanches tuniques. Il y avait aussi parmi elles des