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le cristal, on voyait cette goutte d’eau remuer. Il lui montra aussi des morceaux d’ambre jaune dans lesquels des insectes plus brillants que des pierreries étaient pris depuis des milliards d’années. On distinguait leurs pattes délicates et leurs fines antennes, et ils se seraient remis à voler si quelque puissance avait fait fondre comme de la glace leur prison parfumée.

— Ce sont là de grandes curiosités naturelles ; je vous les donne, Abeille.

Mais Abeille répondit :

— Petit roi Loc, gardez l’ambre et le cristal, car je ne saurais rendre la liberté ni à la mouche ni à la goutte d’eau.

Le roi Loc l’observa quelque temps et dit :

— Abeille, les plus beaux trésors seront bien placés entre vos mains. Vous les posséderez et ils ne vous posséderont pas. L’avare est la proie de son or ; ceux-là seuls qui méprisent la richesse peuvent être riches sans danger : leur âme sera toujours plus grande que leur fortune.

Ayant parlé ainsi, il fit un signe à son trésorier, qui présenta sur un coussin une couronne d’or à la jeune fille.