Page:Anatole France - Balthasar.djvu/243

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soulier d’Abeille ! Donnez-le-moi, que j’y mette mille baisers. Il restera tous les jours sur mon cœur, dans un sachet parfumé, et quand je mourrai, on le mettra dans mon cercueil.

— À votre gré, monseigneur ; mais où l’irez-vous chercher ? Les Nains l’avaient repris à mon pauvre mari, et il pensa même qu’il n’avait été si consciencieusement souffleté que pour l’avoir voulu mettre dans sa poche et montrer aux magistrats. Il avait coutume de dire à ce sujet, quand il était de bonne humeur…

— Assez ! assez ! Dites-moi seulement le nom de la caverne.

— Monseigneur, on la nomme la caverne des Nains, et elle est bien nommée. Mon défunt mari…

— Maurille ! plus un mot ! Mais toi, Francœur, sais-tu où est cette caverne ?

— Monseigneur, répondit Francœur en achevant de vider le pot de cervoise, vous n’en douteriez pas si vous connaissiez mieux mes chansons. J’en ai fait une douzaine sur cette caverne et je l’ai décrite sans oublier seulement un brin de mousse. J’ose dire, monseigneur, que sur ces douze chansons, six ont vraiment du mérite. Mais les six autres ne sont pas non