Page:Anatole France - Balthasar.djvu/249

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d’elle-même, sans qu’on pût voir qui en poussait les énormes battants.

Georges eut peur, et pourtant il franchit cette porte mystérieuse parce que son courage était encore plus grand que sa peur. Entré dans la cour, il vit à toutes les fenêtres, dans toutes les galeries, sur tous les toits, sur tous les pignons, dans la lanterne et jusque sur les tuyaux de cheminées des Nains armés d’arcs et d’arbalètes.

Il entendit la porte de bronze se refermer sur lui et une grêle de flèches commença à tomber dru sur sa tête et sur ses épaules. Pour la seconde fois il eut grand’peur et pour la seconde fois il surmonta sa peur.

L’écu au bras, l’épée au poing, il monte les degrés, quand tout à coup il aperçoit, debout sur la plus haute marche, dans un calme auguste, un Nain majestueux, portant le sceptre d’or, la couronne royale et le manteau de pourpre. Et il reconnaît en ce Nain le petit homme qui l’avait délivré de la prison de verre. Alors il se jette à ses pieds et lui dit en pleurant :

— Ô mon bienfaiteur, qui êtes-vous ? Êtes-vous donc de ceux qui m’ont pris Abeille que j’aime ?