Page:Anatole France - Balthasar.djvu/250

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— Je suis le roi Loc, répondit le nain. J’ai gardé Abeille près de moi pour lui enseigner les secrets des Nains. Enfant, vous tombez dans mon royaume comme la grêle dans un verger en fleurs. Mais les Nains, moins faibles que les hommes, ne s’irritent point comme eux. Je suis trop au-dessus de vous par l’intelligence pour ressentir quelque colère de vos actes, quels qu’ils puissent être. De toutes les supériorités que j’ai sur vous il en est une que je garderai jalousement : c’est celle de la justice. Je vais faire venir Abeille et je lui demanderai si elle veut vous suivre. Je ferai cela, non parce que vous le voulez, mais parce que je le dois.

Il se fit un grand silence, et Abeille parut en robe blanche, ses blonds cheveux épars. Sitôt qu’elle vit Georges, elle courut se jeter dans ses bras, et elle pressa de toutes ses forces la poitrine de fer du chevalier.

Alors le roi Loc lui dit :

— Abeille, est-il vrai que voilà l’homme que vous voulez épouser ?

— Il est vrai, très vrai, que le voilà, petit roi Loc, répondit Abeille. Voyez tous, petits hommes, comme je ris et comme je suis heureuse.