Page:Anatole France - Balthasar.djvu/53

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— Je savais bien que vous viendriez, monsieur Pigeonneau.

Je balbutiai un compliment :

— Comment refuser à une si charmante personne ?

— Oh ! ce n’est pas parce que je suis jolie qu’on ne me refuse rien. Mais j’ai des secrets pour me faire obéir.

Puis, me désignant la vieille dame qui lisait la Bible :

— Ne faites pas attention, c’est maman. Je ne vous présente pas. Si vous lui parliez, elle ne pourrait pas vous répondre ; elle est d’une secte religieuse qui interdit les paroles vaines. C’est une secte de la dernière nouveauté. Les adhérents s’habillent d’un sac et mangent dans des écuelles de bois. Maman se plaît beaucoup à ces pratiques. Mais vous concevez que je ne vous ai pas fait venir pour vous parler de maman. Je vais mettre mon costume égyptien. Ce ne sera pas long. Regardez, en attendant, ces petites choses.

Et elle me fit asseoir devant une armoire qui contenait un cercueil de momie, plusieurs statuettes du moyen empire, des scarabées et quelques fragments d’un beau rituel funéraire.