Page:Anatole France - Discours prononcé à l’inauguration de la statue d’Ernest Renan.djvu/49

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haine engraissent les dieux féroces. Tu l’as dit : les dieux ne sont pas plus immortels que les hommes. Il y en a qui vivent deux mille ans, courte durée si on la compare à celle de la terre, ou seulement à celle de l’humanité, moment imperceptible de la vie des mondes. En deux mille ans, les soleils ardemment lancés dans l’espace n’ont pas seulement eu l’air de bouger.

» Moi, Pallas Athènè, la déesse aux yeux clairs, je te dois de vivre encore. Mais c’était peu de prolonger ma vie : je plains les dieux qui traînent dans les fades vapeurs d’un reste d’encens leur pâle et morne déclin. Tu m’as rendue plus belle que je n’étais et plus grande. Tu m’as nourrie de ta force et de ta doctrine, et par toi, par ceux qui te ressemblent, mon esprit s’est élargi jusqu’à pouvoir contenir l’univers de Képler et de Newton.