Page:Anatole France - L’Église et la République.djvu/56

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entraînés par les bandes romaines. Alors régnèrent dans les villes les matraques et les bayados, et une canne aristocratique défonça le chapeau du président Loubet.

Les républicains firent de sages réflexions et virent que le mal qui avait atteint tout à coup l’état aigu était un mal sourd et profond, un mal ancien, et ils trouvèrent à sa racine la loi du 15 mars 1850. Détruite en grande partie, ses effets duraient et ne cessaient de s’étendre. Certes, elle possédait, cette loi Falloux, une qualité que les lois ont rarement à ce point, l’efficacité. Il fallut, pour la faire, que les ultramontains d’alors fussent doués d’une rare prévoyance et d’une habileté singulière et qu’ils eussent ce sens de la continuité et de la durée qu’on trouve plus qu’ailleurs dans la politique de l’Église. Mais ils n’y seraient pas parvenus sans le secours de leurs adversaires qui ne leur fit pas défaut. Ils reçurent l’aide des libéraux, et ce ne devait pas être pour la dernière fois. Les libéraux, comme les autres hommes, sont sujets à la crainte. La Révolution qui avait emporté la monarchie de Juillet grondait encore, et les orateurs des clubs prononçaient les mots effrayants de communisme et de partage. Les bourgeois éclairés qui, naguère, tranquilles, à l’abri du pouvoir, dénonçaient les intrigues des Jésuites, se donnèrent aux ultramontains par épouvante des rouges. La loi Falloux est fille du zèle et de la peur.

Dans la commission préparatoire, l’abbé Dupanloup disait :