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— La cause des congrégations est celle de la justice et de la vertu.

Sur quoi ce vieux voltairien de Thiers, se tournant vers son compère Cousin :

— Cousin, Cousin, il a raison l’abbé, nous avons combattu contre la justice, contre la vertu et nous leur devons réparation.

Et le philosophe Cousin s’écriait :

— Courons nous jeter aux pieds des évêques !

Cette loi livrait les trois degrés de l’enseignement à l’Église et coiffait la France du trirègne de l’obscurantisme. Il n’y a pas lieu de rappeler ici l’oppression cruelle de l’enseignement supérieur, quand les évêques brisaient les doux philosophes de l’École normale. Il n’y a pas lieu de rappeler que, pour une parole contraire à l’orthodoxie catholique, Renan fut mis à bas de sa chaire du Collège de France. Ce qu’il suffit d’indiquer, c’est le sort que la loi Falloux fit à l’enseignement primaire et à l’enseignement secondaire. Dans des milliers de communes, les écoles publiques furent données aux congréganistes. La lettre d’obédience l’emporta sur le brevet de capacité et une partie du peuple fut instruite dans l’ignorance et formée aux disciplines de l’erreur. Les Jésuites, les Marianistes, en possession de toute la clientèle noble, attirèrent dans leurs établissements les fils de la bourgeoisie riche et vaine, qui, jalouse de ressembler à la noblesse, pouvait du moins l’imiter dans ses préjugés. Ils s’attachèrent spécialement à former de bons candidats aux gran-