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— C’est une ville pittoresque, dit M. Mazure.

— En vertu de mes nouvelles fonctions, je dus requérir dans une affaire peu intéressante, si l’on ne regarde que la nature du crime et le caractère de l’accusé, mais qui avait bien son importance, puisqu’il s’agissait de faire tomber une tête. Un fermier assez riche avait été trouvé assassiné dans son lit. J’omets les circonstances du crime qui demeurent pourtant fixées dans ma mémoire ; mais elles sont des plus banales. Il suffira de dire que, dès le début de l’instruction, les soupçons se portèrent sur un garçon de charrue, serviteur de la victime. Cet homme était âgé d’une trentaine d’années. Il se nommait Poudrailles, Hyacinthe Poudrailles. Il avait disparu brusquement le lendemain du crime. On l’avait trouvé dans un cabaret où il faisait d’assez grosses dépenses. De fortes présomptions le désignaient comme l’auteur de cet assassinat. Il fut reconnu possesseur d’une somme de soixante francs dont il ne