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put justifier la provenance ; ses vêtements portaient des traces de sang. Deux témoins l’avaient vu rôder autour de la ferme dans la nuit du crime. Il est vrai qu’un autre témoin lui fournissait un alibi ; mais ce témoin était d’une immoralité notoire.

L’instruction avait été très bien conduite par un juge d’une habileté consommée. L’acte d’accusation était dressé avec beaucoup d’art. Mais Poudrailles n’avait pas fait d’aveux. Et à l’audience, dans tout le cours des débats, il se renferma dans un système de dénégations dont rien ne put le faire sortir. J’avais préparé mon réquisitoire avec le soin dont j’étais capable et la conscience d’un homme jeune qui ne veut pas paraître trop inégal à ses hautes fonctions. Je mis à le prononcer toute l’ardeur de mon âge. L’alibi fourni par la femme Cortot, qui prétendait avoir gardé Poudrailles chez elle, au Puy, pendant la nuit du crime, m’embarrassait beaucoup. Je m’efforçai de le détruire. Je menaçai la