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baiser sur la nuque. Comme elle se dégageait vivement, il lui dit avec un accent de reproche :

— Pourquoi pas moi aussi, comtesse ?

Alors elle lui donna un soufflet dont il demeura surpris.

Il trouva sur le palier du rez-de-chaussée Noémi qui, très convenable dans sa robe de satin noir, recouverte de tulle noir, coulait lentement ses longs gants autour de ses bras. Il lui fit de l’œil un petit signe amical. Il était bon mari et avait pour sa femme beaucoup d’estime et quelque admiration.

Elle en méritait. Il fallait qu’elle fût d’une rare adresse pour ne pas déplaire à la société antisémite de Valcombe. Et elle n’y était point mal vue. Elle y avait même gagné des sympathies. Et, ce qu’il faut le plus admirer, elle n’y semblait pas étrangère.

Dans ce grand salon froid de province, elle se composait un visage étonné et un maintien placide qui faisaient douter de son