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thèques du monde, j’ai pris le goût de la lecture et l’amour de l’étude. Tandis que, fatigué par les travaux d’une vie grossière, vous dormiez d’un sommeil épais, m’entourant de livres, j’étudiais, je méditais les textes tantôt dans une salle de la bibliothèque sous les images des grands hommes de l’antiquité, tantôt au fond du jardin, dans la chambre du pavillon qui précède la vôtre.

En entendant ces mots, le jeune d’Esparvieu éclata de rire et donna de grands coups de poing dans l’oreiller, signes certains d’une hilarité impossible à contenir.

— Ah ! ah ! ah ! C’est vous qui avez mis à sac la bibliothèque à papa et qui avez rendu fou ce pauvre père Sariette. Vous savez : il est devenu complètement idiot.

— Occupé, dit l’ange, à me former une intelligence souveraine, je ne me suis pas soucié de cet être inférieur ; et quand il a pensé mettre obstacle à mes recherches et troubler mes travaux, je l’ai puni de son importunité.

» Une certaine nuit d’hiver, dans la salle des philosophes et des sphères, je lui ai abattu sur la tête un livre d’un grand poids, qu’il