Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/107

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essayait d’arracher à mes mains invisibles. Plus récemment, enlevant d’un bras vigoureux formé d’une colonne d’air condensé, un précieux manuscrit de Flavius Josèphe, je causai une telle frayeur à cet imbécile, qu’il s’en alla hurlant sur le palier et (pour emprunter à Dante Alighieri une forte expression) tomba comme un corps mort tombe. Il en fut bien récompensé, car vous lui donnâtes, madame, pour étancher le sang de ses blessures, votre mouchoir parfumé… C’est le jour, s’il vous en souvient, où, derrière une sphère céleste, vous échangeâtes avec Maurice un baiser sur la bouche.

— Monsieur ! fit en fronçant le sourcil madame des Aubels outrée, je ne vous permets pas…

Mais elle s’arrêta aussitôt, songeant que ce n’était pas le moment de se montrer trop exigeante à l’endroit du respect.

L’ange poursuivit impassible :

— J’avais résolu d’examiner les fondements de la foi. Je me suis attaqué d’abord aux monuments du judaïsme, et j’ai lu tous les textes hébreux.