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XV

LE CHOIX D’UNE CARRIÈRE

Il me fallait choisir un état sans tarder. Mes parents n’étaient pas assez riches pour que je restasse longtemps à leur charge. Le soin de mon avenir me rendait inquiet et soucieux. Je pressentis tout de suite que je ne trouverais pas facilement une place dans une société où, pour s’avancer, il fallait jouer des coudes ; c’est un art que j’ignorais.

Je m’apercevais que j’étais différent des autres, sans savoir si c’était en bien ou en mal, et cela m’effrayait. Enfin, j’étais surpris douloureusement de voir mes parents me laisser sans conseils et sans direction, comme s’ils ne découvraient aucun emploi qui me convînt. Je