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consultai Fontanet qui avait déjà pris ses inscriptions à la faculté de droit. Il me conseilla de me destiner au barreau, certain qu’il était que j’y réussirais moins bien que lui. Et certainement, avec la trompette de cinq sous qu’il avait dans le gosier et tous les faits divers des journaux collés dans son cerveau, il était sûr de faire un avocat comme un autre. Au premier abord, le barreau ne me déplut pas. J’aimais l’éloquence. Je me disais : je défendrai avec talent une jeune veuve qui deviendra amoureuse de moi. Car je ramenais tout à l’amour.

Afin de reconnaître le terrain, j’allai avec Fontanet à la faculté de droit. Amateur comme j’étais des antiquités et illustrations de ma ville, je respirais avec respect la poussière de la docte montagne.

Quand nous fûmes au bout de la rue Soufflot, nous pénétrâmes dans la belle place bordée à notre droite et à notre gauche par les façades robustes de la mairie et de l’École de Droit et que surmonte le majestueux Panthéon et son dôme d’une courbe parfaite. À notre gauche, la bibliothèque Sainte-Geneviève, avec ses murs pleins, couverts d’inscriptions, ressemblait moins à un édifice consacré aux études