Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/271

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de Neptune et que, se contractant par l’effet du refroidissement, il abandonnait de temps à autre, dans l’espace qu’il ne couvrait plus, des anneaux de sa substance qui, se rompant et se contractant à leur tour, formèrent les planètes de son système. Ainsi, pense-t-on, se forma la terre qui, d’abord diffuse et fluide, se refroidit graduellement. Après les lourdes pluies de métaux en fusion, qui chargeaient son atmosphère ardente, tomba du haut des nuées l’eau des pluies fécondes. C’est exactement ce que dit le vieux Silène. Le globe était d’abord couvert tout entier d’une mer chaude et peu profonde. Des continents se soulevèrent. L’air enfin, frais et pur, laissa voir le soleil. Des herbes et des fougères géantes couronnèrent les montagnes. Les animaux naissent, et, le dernier d’entre eux, naît l’homme. Ainsi, dans ces temps immémoriaux, s’accomplit le destin qui devait faire de la terre le perpétuel séjour du crime. Les plantes, suçant avec leurs racines les sucs de la terre, s’en nourrirent ; seules innocentes de tous les êtres, elles formèrent leur substance vivante en distillant avec un merveilleux instinct des substances sans vie ou du moins sans organisation, car on