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Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/339

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pratiquait fort peu les arts d’Euterpe et de Terpsichore, on y suivait assidûment les leçons de Thalie et de Melpomène. Son nom était ainsi justifié ; mais trop classique pour un temps où le goût romantique dominait encore, il n’eût pas attiré la foule : faible inconvénient pour un théâtre où l’on allait gratuitement et sur invitation. Pour moi, je trouvais que c’était un bien joli nom. Les acteurs étaient des gens du monde, de jeunes amateurs, camarades de Victor Pellerin. Les actrices étaient des professionnelles, appartenant à l’Odéon ou à d’autres théâtres parisiens, et il y avait parmi elles deux pensionnaires de la Comédie-Française. Pour un très minime cachet, Pellerin trouvait des actrices qui n’étaient pas maladroites et dont il obtenait un excellent travail. Ce gros garçon, en qui se trouvaient réunies toutes les qualités d’un bon directeur de théâtre, possédait éminemment la première de toutes, qui est la parcimonie. Il faut dire qu’elle lui était bien nécessaire ; car son théâtre, qui ne lui rapportait rien, lui coûtait fort cher. Et ses ressources de fils de famille y suffisaient à grand’peine. Je demande s’il est un autre art où il aurait trouvé à si peu de frais des concours si précieux.