Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/62

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livre assez vrai et par conséquent assez triste, où l’on voit décrite la condition ordinaire des femmes. « C’est dans les soucis quotidiens que la mère de famille perd sa fraîcheur et sa force et se consume jusqu’à la moelle de ses os. L’éternel retour de la question : « Que faut-il faire cuire aujourd’hui ? » l’incessante nécessité de balayer le plancher, de battre, de brosser les habits, d’épousseter, tout cela, c’est la goutte d’eau dont la chute constante finit par ronger lentement, mais sûrement, l’esprit aussi bien que le corps. C’est devant le fourneau de cuisine que, par une magie vulgaire, la petite créature blanche et rose, au rire de cristal, se change en une momie noire et douloureuse. Sur l’autel fumeux où mijote