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Page:Anatole France - Le Lys rouge.djvu/153

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« Jésus ! combien cette chaux dévore d’outremer ! » Quand les fresques furent terminées, quand le Pérugin eut reçu du religieux le prix convenu, il lui mit dans la main un paquet de poudre bleue : « Ceci est à vous, mon Père. Votre outremer que je prenais avec mon pinceau descendait au fond de mon godet, où je le recueillais chaque jour. Je vous le rends. Apprenez à vous fier aux hommes de bien. »

— Oh ! dit Thérèse, il n’y a rien d’extraordinaire à ce que le Pérugin ait été avare et probe. Ce ne sont pas toujours les gens intéressés qui sont les moins scrupuleux. Il y a beaucoup d’avares honnêtes.

— Naturellement, darling ! dit miss Bell. Les avares ne veulent rien devoir, et les prodigues trouvent très supportable d’avoir des dettes. Il ne pensent guère à l’argent qu’ils ont, et ils pensent encore moins à celui qu’ils doivent. Je n’ai pas dit que Pietro Vanucci, de Pérouse, était un homme sans probité. J’ai dit qu’il avait la tête dure, et qu’il achetait des maisons, beaucoup. Je suis bien contente d’apprendre qu’il a rendu l’outremer au prieur des Gesuati.

— Puisque votre Pietro était riche, dit Choulette, il devait rendre l’outremer. Les riches sont moralement tenus d’être probes ; les pauvres, non.

À ce moment, Choulette, à qui le maître