Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/114

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nobles ornements, il reconnut, à la couverture jaune, le Bulletin de la Faculté, qu’il y avait laissé lui-même la veille au soir. La vue de cette brochure lui suggéra l’action la plus conforme à son génie. Il étendit la main, saisit le bulletin et sortit de ce salon où il avait eu la funeste idée d’entrer.

Seul dans la salle à manger, il se trouva malheureux et accablé. Il se tenait aux chaises pour ne pas tomber et il aurait senti de la douceur à pleurer. Mais sa disgrâce avait une amertume et comme un caustique qui lui séchait les larmes dans les yeux. Cette petite salle à manger qu’il avait traversée quelques secondes auparavant, il lui semblait que, s’il l’avait déjà vue, c’était dans une autre vie. Il lui semblait que c’était dans une existence antérieure et lointaine qu’il avait vécu familièrement avec le petit buffet de chêne sculpté, les étagères d’acajou chargées de petites tasses peintes, les assiettes de faïence pendues au mur, qu’il s’était