Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/128

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sur les murs de Pompéi et maintenant déchiffrés, recueillis et illustrés par des philologues. Il songea au grafitto du Palatin, à ces traits hâtifs et maladroits dont un soldat oisif égratigna le mur du corps de garde.

« Voilà dix-huit siècles que ce soldat romain a fait la caricature de son camarade Alexandros, adorant un dieu à tête d’âne, mis en croix. Aucun monument de l’antiquité ne fut plus curieusement étudié que ce grafitto du Palatin. Il est reproduit dans un grand nombre de recueils. Maintenant j’ai, tout comme Alexandros, mon grafitto. Qu’un cataclysme, abîmant demain cette vilaine et triste ville, la réserve à la science du xxxe siècle, et qu’en ce lointain avenir mon grafitto soit découvert, qu’en diront les savants ? En comprendront-ils la symbolique grossière ? Pourront-ils seulement épeler mon nom écrit avec les lettres d’un alphabet perdu ? »