Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/138

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moralement. Cela est considérable), semble sous beaucoup de rapports être la plus importante que les Européens aient encore faite dans toute l’étendue de l’océan Pacifique… »

Et M. Bergeret ferma le livre. Il avait entrevu la délivrance, la liberté, une vie nouvelle. Ce n’était qu’une lueur dans les ténèbres, mais vive et fixe devant lui. Comment sortirait-il du tunnel ? Il n’en savait rien. Du moins il voyait au bout la petite lumière blanche. Et, s’il gardait encore l’impression visuelle de madame Bergeret unie à M. Roux, ce n’était plus à ses yeux qu’une image incongrue, dont il n’éprouvait ni colère, ni dégoût, le frontispice belge de quelque livre polisson, une vignette. Il tira sa montre et vit qu’il était deux heures. Il lui avait fallu quatre-vingt-dix minutes pour parvenir à cet état de sagesse.