Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/148

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visage démentait les joviales calomnies qui couraient du café du Commerce jusqu’à la boutique de M. Paillot et de la pharmacie radicale de M. Mandar au salon janséniste de M. Lerond, substitut démissionnaire. Et, s’il était vrai que le professeur d’éloquence sacrée admettait sa servante à sa table quand il n’avait prié aucun convive, s’il partageait avec elle les petits gâteaux qu’il avait choisis avec étude, zèle et soins, dans la boutique de madame Magloire, c’était l’effet d’une amitié pure et tout innocente pour cette vieille fille inculte et rude, mais avisée et de bon conseil, dévouée à son maître, ambitieuse pour lui et prête à trahir l’univers par fidélité.

Assurément, le supérieur du grand séminaire, M. l’abbé Lantaigne, donnait trop de crédit à ces fables érotiques de Guitrel et de sa servante, que tout le monde répétait et auxquelles personne ne croyait, pas même M. Mandar, pharmacien rue Culture,