Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/149

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le plus avancé des conseillers municipaux, qui avait lui-même trop ajouté de son propre fonds à ces joyeux devis pour ne pas suspecter au dedans de lui l’authenticité de tout le recueil. Car c’était un recueil très ample de contes qu’on avait composé sur ces deux respectables personnes. Et s’il avait mieux connu le Décaméron et l’Heptaméron, et les Cent Nouvelles nouvelles, M. Lantaigne aurait découvert maintes fois l’origine de telle aventure plaisante ou de tel propos singulier qu’on prêtait généreusement dans le chef-lieu à M. Guitrel et à Joséphine, sa servante. M. Mazure, l’archiviste municipal, s’il trouvait dans un vieux bouquin quelque paillardise ecclésiastique, ne manquait pas, pour sa part, de l’attribuer à M. Guitrel. M. Lantaigne seul croyait à ce que tout le monde disait sans y croire.

— Patience, monsieur l’abbé ! dit la servante ; je vas aveindre une cuiller pour arroser.