Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/179

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maraîcher. Et tandis qu’un conseil de guerre, siégeant à Versailles, le condamnait à mort, il gagnait sa vie à Londres, en rédigeant pour un riche amateur de la Cité le catalogue de l’œuvre complet de Rowlandson. Intelligent, laborieux, très honnête, il se fit connaître et estimer de l’Angleterre artiste. Il aimait l’art avec passion, et la politique ne le tentait guère. Il restait communard par loyalisme et pour ne pas se donner la honte d’abandonner ses amis vaincus. Mais il s’habillait avec élégance et fréquentait l’aristocratie. Il travaillait rudement et savait tirer parti de son travail. Son Dictionnaire des monogrammes consacra sa réputation et lui rapporta un peu d’argent. Quand le dernier haillon des discordes civiles fut écarté, sur la proposition du bon Gambetta, quand l’amnistie fut votée, un gentleman débarqua à Boulogne, fier et souriant, sympathique, un peu fatigué par le travail, jeune, avec quelques cheveux gris, en tenue correcte de