Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/180

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voyage et faisant porter une valise pleine de dessins et de manuscrits. Georges Frémont s’installa modestement à Montmartre et se fit très vite des amitiés d’artistes. Mais les travaux dont il avait largement vécu en Angleterre ne lui rapportaient en France que des satisfactions d’amour-propre. Gambetta lui fit donner une place d’inspecteur des musées. Frémont s’acquitta de ses fonctions avec beaucoup de conscience et d’habileté. Il avait un goût sincère et fin des arts. La sensibilité nerveuse qui, adolescent, l’avait ému devant les blessures de la patrie et qui, vieillissant, le troublait encore en face des misères sociales, l’intéressait aux expressions élégantes de l’âme humaine, aux formes exquises, à la belle ligne, à la tournure héroïque des figures. Avec cela, patriote même dans l’art, ne plaisantant pas sur l’école de Bourgogne, fidèle à la politique de sentiment, et comptant sur la France pour porter la justice et la liberté dans l’univers.