Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/259

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Chartres, triste sous son éternelle poussière de pierres qu’on taille, et parvint aux belles voies ombreuses qui s’ouvrent dans le parc royal découpé maintenant en minces propriétés bourgeoises. Sur la chaussée paisible où le fiacre roulait pesamment entre deux rangs de platanes, par moments, dans le silence et la solitude, des bicyclistes, vêtus de clair, l’échine courbée, la tête fendant l’air, glissaient aux allures des bêtes rapides. En sa fuite aisée, leur vol allongé de grands oiseaux atteignait presque à la grâce par l’aisance des mouvements, presque à la beauté par l’ampleur des courbes décrites. Entre les troncs des arbres en bordure, madame Worms-Clavelin découvrait, derrière les grilles, les pelouses, les petits bassins, les perrons et les marquises de goût mince. Et elle rêvait vaguement d’habiter dans ses vieux jours une maison comme celles dont elle apercevait le plâtre clair et l’ardoise dans le feuillage, car elle était sage