Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/260

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et modérée en ses désirs, et elle sentait naître au fond de son cœur le goût des poules et des lapins. Çà et là, dans les larges avenues, de grands bâtiments s’élevaient, chapelles, maisons d’éducation, maisons de retraite, maisons de santé, l’église anglicane et ses pignons d’un gothique froid ; les demeures pieuses, d’une gravité placide, une croix sur la porte et une cloche toute noire contre le mur, avec sa chaîne qui pendait. Puis le fiacre s’enfonça dans la région basse et déserte des pépiniéristes où les vitrages des serres brillent au bout des étroites allées de sable, où tout à coup se dressent les kiosques absurdes des constructeurs rustiques et les troncs d’arbres morts, imités en grès par un ingénieur ornemaniste pour jardins. On sent dans ce Bas-Neuilly la fraîcheur de la rivière prochaine, les vapeurs d’un sol humide encore des eaux qui y dormaient à une époque toute récente, disent les géologues, les exhalaisons des