Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et pleine était sillonnée de longues égratignures roses, elle passa sur ses yeux le revers de ses mains brunes. Les sanglots secouaient sa poitrine étroite et son ventre trop gros, à cause du carreau qu’elle avait eu dans sa septième année et dont elle restait déformée. Puis elle rabattit ses deux bras contre son corps, cacha ses mains sous son tablier, étouffa ses soupirs, et, dès que la parole put traverser sa gorge, cria bien âprement :

— Je ne peux plus vivre dans cette maison. Je ne peux plus. Aussi, ce n’est pas une vie. J’aime mieux m’en aller que de voir ce que je vois.

Il y avait autant de colère que de douleur dans sa voix, et elle regardait M. Bergeret avec des yeux irrités.

Et vraiment la conduite de son maître l’indignait. Ce n’est pas qu’elle eût nourri dans son cœur une longue tendresse pour madame Bergeret qui, naguère encore, dans