Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/331

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Elle se retira et ferma la porte sur elle en faisant le moins de bruit possible. Et M. Bergeret la vit en imagination chez l’agent Deniseau, au fond de la salle, en coiffe blanche, son parapluie de coton bleu entre les genoux, le regard anxieux, tourné vers la porte, dans la morne troupe des filles à louer.

Cependant Marie, fille d’étable, qui n’avait jamais soigné que des bêtes, étonnée et stupide chez ces bourgeois, éprouvant la terreur qu’elle inspirait, restait tapie dans sa cuisine et contemplait les casseroles. Elle ne savait faire que la soupe au lard et n’entendait que le patois. Elle n’avait pas même de bons certificats. Il apparaissait qu’elle se livrait aux bergers et buvait de l’eau-de-vie et même de l’esprit-de-vin.

Le premier visiteur à qui elle ouvrit la porte fut le commandeur Aspertini qui, de passage dans la ville, venait donner le bonjour à son ami M. Bergeret. Elle fit sans