Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans la ville, n’étaient pas que des fables. Elle ennuyait, elle était compromise ; on le lui laissait voir. Elle n’avait gardé de sympathies que chez madame Dellion, pour qui elle était la représentation allégorique de la vertu malheureuse. Mais madame Dellion, étant d’une société supérieure, la plaignait, l’estimait, l’admirait et ne la recevait pas. Madame Bergeret demeurait abattue et seule, sans mari, sans enfants, sans foyer, sans argent.

Une fois encore, elle tenta de rentrer dans ses droits domestiques. Ce fut le lendemain d’un jour plus misérable et douloureux que les autres. Après avoir essuyé les réclamations injurieuses de mademoiselle Rose la modiste et du boucher Lafolie, après avoir surpris Marie la servante volant trois francs soixante-quinze laissés par la blanchisseuse sur le buffet de la salle à manger, madame Bergeret se coucha pleine de tristesse et d’épouvante, et ne put s’endormir. Elle