Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/349

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devenait romantique par excès d’infortune et se représentait dans l’ombre de la nuit cette Marie lui versant un poison préparé par M. Bergeret. L’aube dissipa ses terreurs confuses. Elle s’habilla avec quelque soin et se rendit, grave et douce, dans le cabinet de travail de M. Bergeret.

Elle y était si peu attendue qu’elle trouva la porte ouverte.

— Lucien ! Lucien ! dit-elle.

Elle invoqua les têtes innocentes de leurs deux filles. Elle pria, supplia, exprima des pensées justes sur l’état lamentable de la maison, promit d’être à l’avenir bonne, fidèle, économe, gracieuse. Mais M. Bergeret ne lui fit pas de réponse.

Elle s’agenouilla, sanglota, tordit ses bras, naguère impérieux. Il ne daigna rien voir ni rien entendre.

Elle lui montrait une Pouilly à ses pieds. Mais il prit son chapeau et sortit. Alors elle se redressa, courut à sa poursuite, le poing