Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/52

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et s’arrêta sous le péristyle toscan de la Comédie-Française. Il eut soin de lire l’affiche pour s’assurer que le spectacle n’était pas changé et que les comédiens donnaient Andromaque et le Malade imaginaire. Puis il demanda au second guichet un billet de parterre.

Ayant pris place sur l’étroite banquette déjà presque pleine, en arrière des fauteuils encore vides, il déploya un vieux journal, non pour le lire, mais de façon à se faire un maintien, en écoutant les propos échangés à ses côtés. Il avait l’ouïe fine, et c’est par l’oreille qu’il regardait, comme M. Worms-Clavelin écoutait par la bouche. Ses voisins étaient des employés de commerce et des ouvriers d’art qui devaient leur entrée de faveur à l’amitié d’un machiniste ou d’une habilleuse, petit monde simple, avide de spectacles, content de soi, occupé de paris mutuels et de bicyclettes, jeunesse tranquille, quelque peu caporalisée, démocra-