Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/53

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tique et républicaine sans même y penser, conservatrice jusque dans ses plaisanteries sur le président de la République. M. l’abbé Guitrel, en saisissant au vol les mots qui, lancés çà et là, lui révélaient cet état d’esprit, songeait aux illusions de l’abbé Lantaigne, qui, du fond de sa solitude, méditait de ramener ce peuple à la monarchie théocratique. Et il ricanait derrière son journal.

« Ces Parisiens, se dit-il, sont les gens les plus accommodants du monde. On les juge mal dans nos provinces. Plût à Dieu que les Républicains et les libres penseurs de l’évêché de Tourcoing fussent taillés sur ce modèle ! Mais l’esprit des Français du Nord est amer comme le houblon de leurs plaines. Et je me trouverai dans mon diocèse entre des socialistes violents et d’ardents catholiques. »

Il savait les tribulations qui l’attendaient sur le siège du bienheureux Loup, et, loin de les redouter, il les appelait sur sa tête