Page:Anatole France - Le Mannequin d’osier.djvu/61

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il n’estimait plus guère que Catulle et Pétrone. Mais il lui fallait bien tondre le pré où il était attaché. Patrio vocat agmina sistro. Virgile et Properce veulent-ils nous faire croire, se dit-il, que le sistre, dont le son grêle accompagnait les danses frénétiques et pieuses des prêtres, était aussi la musique des marins et des soldats égyptiens ? Cela ne se conçoit pas.

En descendant le chemin des Bergères, sur le versant opposé à la côte Duroc, il sentit tout à coup la douceur de l’air. Là, le chemin s’abaisse entre des parois de calcaire où s’attachent laborieusement les racines des petits chênes. À l’abri du vent, sous le soleil de décembre, qui dans le ciel penchait, pauvre et sans rayons, M. Bergeret murmura plus doucement : Patrio vocat agmina sistro. Sans doute Cléopâtre a fui d’Actium vers l’Égypte, mais elle a fui à travers la flotte d’Octave et d’Agrippa qui tentait de lui fermer le passage.