Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/111

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ne sont pas bien appropriés aux fins de l’homme, qui sont, dit l’Église, de connaître, de servir et d’aimer Dieu, et qu’en cela, comme dans la quantité des germes qui se perdent, la nature n’est pas, à vrai dire, suffisamment théologique et chrétienne. J’ajouterai qu’elle n’est guère religieuse dans aucun de ses actes et qu’elle semble ignorer son Dieu. Voilà ce qui m’effraye, l’abbé.

— Oh ! s’écria mon père, en agitant au bout de sa fourchette un pilon de la volaille qu’il découpait, oh ! que voilà des discours ténébreux, maussades et mal appropriés à la fête que nous célébrons aujourd’hui. Aussi bien est-ce la faute de ma femme, qui nous sert un enfant à tête de serpent, comme si ce plat était agréable à d’honnêtes convives. Faut-il que de mes beaux œufs rouges soient sorties tant d’histoires diaboliques !

— Ah ! notre hôte, dit M. l’abbé Coignard, il est vrai que de l’œuf sortent toutes choses.