Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/156

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qui n’est, à mon sentiment, qu’un abus de représentations et d’images fallacieuses, et, dans un certain sens, l’avantage du malin Esprit sur les âmes. Vous entendez bien que je suis très éloigné de croire à toutes les diableries dont s’effraie la créance populaire. J’estime, avec les Pères, que la tentation est en nous, et que nous sommes à nous-mêmes nos démons et nos maléfices. Mais j’en veux à M. Descartes et à tous les philosophes qui, sur son exemple, ont cherché dans la connaissance de la nature une règle de vie et un principe de conduite. Car enfin, Tournebroche, mon fils, qu’est-ce que la connaissance de la nature, sinon la fantaisie de nos sens ? Et qu’est-ce qu’y ajoute, je vous prie, la science, avec les savants depuis Gassendi, qui n’était point un âne, et Descartes et ses disciples, jusqu’à ce joli sot de M. de Fontenelle ? Des besicles, mon fils, des besicles comme celles qui chaussent mon nez. Tous les microscopes et lunettes d’approche dont on fait vanité qu’est-ce,