Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/204

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que les revanches que la sagesse divine prend, en se jouant, sur les conseils des faux sages. Il convient, en second lieu, d’accorder, dans les assemblées, quelque satisfaction au caprice et à la fantaisie. Une société tout à fait raisonnable serait tout à fait insupportable ; elle languirait sous le froid empire de la justice. Elle ne se croirait ni puissante ni seulement libre, si elle ne goûtait pas de temps à autre le plaisir délicieux de braver le sens public et la raison. C’est le péché mignon des puissances de ce monde, de s’entêter dans des caprices bizarres. Pourquoi l’Académie n’aurait-elle pas des lunes dans la tête comme le grand Turc et comme les jolies femmes ?

» Bien des passions contraires s’unissent pour inspirer ces mauvais choix dont s’irritent les âmes simples. C’est un plaisir pour des honnêtes gens que de prendre un malheureux homme et d’en faire un académicien. Ainsi le Dieu du psalmiste tire le