Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/226

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seulement Philippe et Barnabé au lieu de Paul et de Xavier. Quant à changer en même temps la condition des personnes, comme vous l’espérez, voilà qui est bien impossible, car cette condition ne dépend pas des ministres, qui ne sont rien, mais de la terre et de ses fruits, de l’industrie, du négoce, des richesses amassées dans l’empire, de l’art des citoyens dans le trafic et dans l’échange, toutes choses qui, bonnes ou mauvaises, ne relèvent ni du prince ni des officiers de la couronne.

M. Rockstrong interrompit vivement mon bon maître.

— Qui ne voit, mon gros abbé, s’écria-t-il, que l’état de l’industrie et du commerce dépendent du gouvernement, et qu’il n’y a de bonnes finances que dans un gouvernement libre ?

— La liberté, reprit M. l’abbé Coignard, n’est que l’effet de la richesse des citoyens, qui s’affranchissent dès qu’ils sont assez puissants pour être libres. Les peuples