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tiés se trouvait madame Gay, qui venait de temps en temps chez Gérard avec sa fille Delphine[1], alors dans tout l’éclat de sa beauté. On a plus tard beaucoup flatté ces dames, lorsqu’elles disposaient d’un immense pouvoir, un des premiers journaux de Paris ! Mais à cette époque leur situation était loin d’être brillante, et madame Gay était peu aimée ; toutes ces paroles très-vives, très-animées et dites d’une voix très-haute et peu agréable, consistaient à dire beaucoup de bien d’elle et beaucoup de mal des autres. Depuis, la beauté et le talent de sa fille la firent admettre chez plusieurs personnes, qui alors la fuyaient ; chez moi d’abord, qui aimais beaucoup Delphine et qui regarde encore avec affection et tristesse un petit portrait à l’huile que je fis d’elle à cette époque. L’éclat de son teint et de ses cheveux, sa haute taille bien prise et ses yeux d’un beau bleu en faisaient une remarquable beauté ; cependant son nez aquilin très-long, ses lèvres minces et un menton avancé donnaient au bas de son visage quelque chose d’hostile et de peu agréable. Sa mère avait la ma-

  1. Depuis, madame Émile de Girardin.