Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/329

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tait que la résidence de la fée Morgane. Jamais homme n’en avait franchi le seuil. Pendant qu’Élisa considérait ce spectacle, les montagnes, les forêts et le château s’écroulèrent tout à coup, et à leur place apparurent vingt églises superbes, toutes pareilles, avec leurs hautes tours et leurs fenêtres en ogive. Elle s’imagina entendre la musique de l’orgue, mais ce n’était que la musique des vagues. Elle était déjà tout près de ces églises, lorsque subitement elle les vit se transformer en une flotte complète qui naviguait au-dessous d’elle. Un moment après, il ne restait plus qu’un brouillard planant sur les eaux.

Enfin elle découvrit le pays où ils devaient se rendre. C’étaient des montagnes bleues avec des forêts de cèdres, des villes et des châteaux. Longtemps avant le coucher du soleil, elle se trouvait assise sur un rocher, devant une grande caverne entourée de plantes rampantes qui ressemblaient à des tapis brodés.

« Maintenant nous allons voir ce que tu rêveras cette nuit, dit le plus jeune des frères en montrant à Élisa sa chambre à coucher.

– Puissé-je rêver des moyens de vous venir en aide ! » répondit-elle ; et, cette pensée l’absorbant tout entière, elle se mit à invoquer l’appui du bon Dieu ; jusque dans son sommeil, elle ne cessa de prier.