Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, I.djvu/88

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Ainsi se lève des choses terrestre le voile de la mort lui-même ; ceux qui savent accepter le destin de la vie éphémère reçoivent de lui la révélation de l’éternité promise aux moindres événements de cette vie. Il ne reste plus à celui qui a reçu cette révélation qu’à se fondre dans la flamme de l’universelle vie : la coupe incandescente de l’Etna reçoit le corps d’Empédocle.

Mais l’Empédocle, que Nietzsche méditera en 1870, ne mourra pas autrement ; et, dans des plans d’achèvement du Zarathustra, c’est une pareille cosmologie que le Sage de Nietzsche enseigne à ses disciples épouvantés : dans l’ivresse de la surhumanité entrevue, il leur prédit le retour éternel. Il offre cette prédiction comme un viatique d’héroïsme pour les âmes capables de s’oublier devant la grandeur des causes auxquelles elles se dévouent. Il y aura l’enthousiasme d’Hœlderlin dans le serment mélancolique avec lequel, dans Nietzsche, les disciples descendront dans l’Etna le cercueil de Zarathoustra.